Les balades de la Druidie

- Année 2005 - La Lubédrôme

 

La Lubédrôme 2005

ou à saute-mouton sur les p'tites blanches

Salut l'Ami(e) ! Viens donc, si le c½ur t'en dit, te chauffer à un feu de bois et écouter Dame Jo qui raconte " Qu'il est doux, qu'il est doux D'écouter des histoires Des histoires du temps passé ..." J'ai un peu oublié la suite du poème mais il y est question de nuit noire, de sol glacé, ce qui est, au moment où je t'écris, tout à fait de circonstance, même à Manosque, où il a neigé.

Ce CR très tardif a comme un goût de revenez-y mais je m'en serais vraiment voulu de ne pas te l'offrir. Il est bien sûr, dédié d'abord à nos zorgas: Patix et Béa, qui s'étaient ingéniés lors de leurs vadrouilles en Drôme, à trouver pour les copains un lieu et un séjour agréables. Dédié aussi à mon compère Robin des Bois, qui me reparlait encore, au Virolothon, de cette Drôme Provençale qu'il souhaite tant retrouver.

Remontons le temps.

Le Vendredi soir du 16 Septembre dernier, Le Philo m'embarquait en direction d'Aurel, à 60 Km de chez nous. Naturellement, il n'était pas question d'emprunter l'itinéraire le plus rapide mais de jardiner là où ça serpente bien - ce qui - chaleur aidant, me colla presque mal au c½ur en arrivant sur Montbrun. Je n'étais pas fâchée d'arriver à destination ... On a beau être un "vieux marin", le mal de mer, ça existe ...

Aurel est l'un des plus beaux villages perchés en Drôme Provençale. Certainement l'un des plus harmonieux dans son ensemble de vieilles pierres grises, surtout quand on le découvre en venant de Montbrun; il semble né des collines. On a qu'une envie, en y entrant: aller se promener dans ses ruelles qui montent. Le village surplombe de calmes jardins, bien fleuris encore, en Septembre et des bassins ombragés de platanes. Aurel ne se trouve qu'à quelques Kms de Sault, carrefour des motards sudistes et des autres ! (A éviter impérativement le 15 Août, jour de la Fête de la Lavande: tu n'as qu'à en parler à Jésus et Sylvie ... )

Serge/XX, arrivé bon premier, prenait le frais devant "Le Relais du Mont Ventoux". Bubu nous rejoignit bientôt, qui devait renoncer le lendemain aux balades, enquiquiné qu'il était par une douloureuse sinusite. Tchatche, tchatche; c'est alors que nous vîmes passer deux motards pas à nous roulant à bonne allure ( les salauds ! ), poursuivis par un Monsieur Rossi de Bracon, pugnace, et qui, pris sur le fait, ne put que rigoler. Japy et Lézard Vert, semés depuis un moment par le champion es braconnages, lui demandèrent quelle mouche l'avait piqué.

On s'installa. (chambres confortables, très jolies salles de bain ) La patronne de l'hôtel parut d'abord à certains un peu rugueuse, avec un côté cheftaine : se méfiait-elle des "grands méchants loups" en cuir ? Voulait-elle, d'emblée, montrer qu'ici le shérif c'était elle ? En fait, c'est une farceuse, une malicieuse, qui désarçonne d'abord pour câliner ensuite.

Un qui se la rappellera et qu'elle se rappellera, c'est Robin, qui n'a pas arrêté de provoquer (gentiment) la maîtresse, en bon cancre qui se respecte. Il fallait voir le joyeux bordel des grands gamins, au moment de choisir les desserts. Certain gâteau au chocolat et aux griottes en ayant fait saliver plus d'un(e), comme il y avait plus de mains levées ( avec triche ) que de parts, on assista à une véritable querelle de goinfres. Serge/XX et moi, amusés, regardions Patix, effaré devant ces révoltés du Boun... du Cacao. Sa patience et celle du Philo furent bien récompensées: la patronne leur apporta à chacun une assiette pleine de friandises dont un peu du fameux gâteau.

On mange très bien, au "Relais du Mont Ventoux" : agneau, épeautre ( la céréale mère du blé ) tians de légumes, tout cela présenté avec art. Nous formions une belle tablée d'une vingtaine de convives. Le Philo et moi étions heureux de retrouver Tresleucas ainsi que Fun Mountain et Marmotte, que nous n'avions pas revus depuis trop longtemps.

La météo, idéale jusque-là, prévoyait pour le lendemain un net rafraîchissement ( 10Ý de moins ) et des averses. Nous prîmes nos précautions, le Samedi matin. Patix et Le Philo devaient nous mener de col en col, sur de petites routes de montagne assez traîtresses, bosselées, parfois gravillonnées ( Ô Lézard ! ) ... Dieu sait si j'en ai pris, des routes, avec le Vaporetto puis le Paquebot : je ne me suis jamais autant accrochée. Il est vrai que mon nouveau falzar en cordura glisse davantage que le cuir.

Il était heureux que Fabienne ne soit pas là, sur la Guzzi V11 de Marc de Beaucaire où, m'a-t-elle dit, elle s'accroche où elle peut ! ( Vivement qu'elle pilote elle-même une bécane ! )

Contrée sauvage ... Après le Col de l'Homme Mort, les cols de Macuègne, de St Jean, de Perty ( qui offre un panoramique complet sur la Drôme provençale et les Hautes Alpes, toutes bleues, à l'horizon ), de Peyruergue, du Soubeyran ( où le vent nous rafraîchissait les idées ). La troupe passa par Rémuzat et Cornillon, devant gagner Bourdeau pour le déjeuner. Nous nous dirigions vers le col de Pré Guittard lorsque, soudain, Le Philo qui menait, suivi par Tresleucas, constata qu'il n'y avait plus personne derrière nous, ce qui n'est pas bon signe : ennui mécanique, chute ...

Lézard Vert avait glissé sur des gravillons piégeux en bordure de route. Un pouce fracturé, une plaie au bras, le nez écorché par les lunettes. Imparable, même pour le pilote expérimenté qu'il est. C'est en pareille occasion qu'on voit se manifester l'amitié, la solidarité des motards; tandis que les uns donnaient les premiers soins au bonhomme, les autres auscultaient sa monture, heureusement en état de rouler. - Lézard : " Je vais manger avec vous au restau ? On verra après pour une radio ? - Dame Jo (impitoyable) : A l'hosto dare-dare ! Faut savoir tout de suite ce que tu as ! "

Japy embarqua son pote pour Montélimar ( à 40 bornes de là ) tandis que SML reprenait la Triumph de Lézard et que Laetitia, venue en passagère, se retrouvait pilote par la force des choses. Pendant que l'infortuné traçait vers l'hosto, nous arrivions au restau. L'ami Jean se fit héraut, tout au long du repas, pour savoir où en étaient nos électrons libres au pays du nougat. ( Ils allaient pas mal attendre, le ventre presque vide ! )

La balade se poursuivit par le col du Pertuis, avant Dieulefit puis par les cols de Valbuse, d'Ey, St Ferreol, Trente Pas, Condorcet, Curnier avant de redescendre sur Buis-les Baronnies. Certains(es) des copains(ines) découvraient le pays des arbres fruitiers, qui poussent sur les adrets: abricotiers, pruniers. Contournant le Mont Ventoux par Mollans-sur-Ouvèze, Brantes, Montbrun, nous regagnâmes nos pénates et fûmes tout heureux de retrouver Japy et lézard Vert, lequel malgré les embêtements, reste un souriant compagnon, pas du genre à pleurer sur son sort.

Le Dimanche matin nous amena Marc de Beaucaire et Fabienne, pour un coucou à la meute. La Guzzi V11 fit sensation. L'Helvétie s'apprêtait à prendre congé, Ghislain était déjà en selle lorsqu'Haroun lui cria : " Arrête-toi ! tu risques pas d'aller loin comme ça ! " En effet, le pneu arrière de la BM, déjà réparé, avait tenté de rejoindre le plancher des vaches pendant la nuit. Je pris une leçon de dépannage : " comment réparer son arrière ". Ghislain remporta une belle victoire sur l'outillage ce matin-là, un peu aidé par Haroun et Nolan qui travaillèrent bien la gomme. ( un bon coup dans les pneus, en somme ) Et l'Helvétie put rentrer sans problème.

Tandis que la chaîne de solidarité se poursuivait pour mettre Lézard dans un train direction Rennes, et sa moto à l'abri, Nolan, Nat, Fabienne, Marc de beaucaire, Le Philo et moi prenions le chemin des écoliers, sous un ciel encore clément, longeant les gorges de la Méouge puis escaladant l'ubac de Lure, où nous croisâmes des chasseurs de sangliers avec leur trophées. Il avait dû pleuvoir la veille, mieux valait se calmer dans les épingles.

Au sommet, Nat et Flo firent grise mine: c'était bien sombre sur le grand sud ! Au fur et à mesure que nous approchions de St Etienne-les-Orgues, le crachin puis la pluie nous prirent de vitesse. La descente est longue, la route, large mais mal bitumée. Je venais de découvrir qu'entre le bas de l'ubac de Lure et St Etienne-les-Orgues, au bas de l'adret, il y avait 52 Km. Pas étonnant que cela n'en finisse pas !

Fun et Marmotte nous rejoignirent pour un repas en terrasse ( heureusement couverte ), à regarder tomber la pluie. Nat rêvait d'un bain chaud ... après les quelque 200 Km qui lui restait à parcourir ... en nous enviant, nous qui serions bientôt à Manosque ... Dire qu'Octobre nous réservait un sacré été indien !

Salut, l'Ami(e) ! Avé le sourire et les bises de Dame Jo, la chaloupée d'la moto.

PS: Une bise supplémentaire à Lézard Vert et une caresse à sa monture.