Les balades de la Druidie

- Année 2004 - La Dédéstivale

 

La Dédéstivale 04

Ou En avant la zizique ! "

Salut l'Ami(e) !
Tu sauras tout d'abord que le proverbe " jamais deux sans trois " ne fut point illustré, puisque nous pûmes enfin, Le Philo et moi, cette année faire honneur à Dédé, en Bourbonnais.

Quelle joie de prendre la route ! Partir, avec tout ce que cela comporte de possibles et de découvertes. Et puis, laisser dans le Sud nos 38° quotidien et leur touffeur pour aller nous aérer en montagne !
Ayant rejoint Vendredi matin, 2 Juillet, Marc de Beaucaire et Francis.co, à Aubenas, nous prîmes sous Lanarce, certaine petite route ondulante bien connue du Philo, qui nous mena à la retenue d'eau de Naussac. Il faisait presque frisquet, sous un ciel changeant qui donnait au paysage des nuances de gris, rose et de vert passés. Mais les fleurs, les herbes folles et les odeurs de foins coupés disaient l'été.

A Saugues nous attendait, fidèle au poste, un étrange arbre sculpté, hommage aux pèlerins de Compostelle. Même, à la sortie du village, l'un d'eux, statufié, montrait aux chevaliers motards que le chemin, c'était par là ...

Les cantonniers avaient pensé à nous et, en forêt, il fallut rouler assez longuement sur des gravillons fraîchement déposés. Cela n'empêcha pas, une fois en Margeride, de penser à Frapi qui aime ce pays d'antan et son Chapeauroux.

Entre le gris et l'éclaircie, l'arrivée sur St Flour nous fit découvrir la ville, telle un bateau perché.
J'ai aimé viroler vers le col de la Croix St Robert sous un ciel menaçant, affronter le vent froid. Dans ces moments-là, je pense aux voyageurs perdus et joue un peu à me faire peur ...

Aux Roches Tuilière et Sanadoire, qui m'avaient tant impressionnée, enfant, j'ai trouvé cette fois-ci une allure familière : on aurait dit ... mais oui ... vues à contre jour, le bonnet de BatMan.
Se vengeant sans doute de mon irrévérence, elles nous dépêchèrent la pluie. Une ondée point trop méchante, qui nous donna l'occasion, à Pontgibaud, au bord de l'eau, de trouver un parapluie odorant ( Un beau tilleul ) sous lequel nous croquâmes une saucisse sèche au châtaignes entières, en attendant le retour du grand bleu.

Et ce fut au soleil couchant, l'arrivée chez Wim, Route 99, dans un endroit comme je les aime :

" C'est une maison bleue,
Au sommet de la colline
On y vient à pieds ... "

La colline y est ( ondulations bourbonnaises ). Les fenêtres encadrées de bleu, aussi. On arrive là à moto. C'est comme si l'on était déjà venu : nous voici chez un pote; tout paraît familier.
Bien sûr, l'ami Dédé nous congratule et compte ses ouailles. L'on retrouve ceux qu'on n'avait pas vus depuis trop longtemps, ainsi Fast Philou, mais aussi, par la suite, Régis, Jean-Jacques, Stéphane ...
Faby arrive à son tour; comme elle ne veut surtout pas être présentée comme " Mme Dédé "; je dois m'ingénier à trouver des périphrases variées pour faire comprendre aux copains que :
" Ouiiiii, c'est elleû, c'est la déesseû ! " ( Cf le grand air des " Pêcheurs de Perles " ou de "Lakmé " ? Tiens, j'ai un doute. )
Papote-papote. Dame Faby et Dame Jo ont beaucoup à se raconter. Pour une fois qu'elle se voient !

Les copains s'installent au camping où pousse soudain une flopée de champignons bleus ou verts. Arrivés la veille, Doom, Tuttle et LCF ont pris de l'avance. Ils vont bientôt préparer un " p'tit feu " pour cuire des patates sous la cendre. Lequel p'tit feu se transformera en feu de camp, une fois la nuit venue.

Chez Wim , au royaume de la moto, dès que tu lèves la tête dans la grande salle, tu vois ... des tee-shirts, des tee-shirts et encore des tee-shirts, qui tapissent le plafond. L'Europe est là. En rouge, en vert, en bleu ... En blanc un peu cra-cra à cause des clopes ...

Ce soir de pleine lune, après le repas, direction le feu de camp. Tout le monde à quinze ans. Et si qu'on jouait au loup-garou ? Bêtement, je suis partie me coucher et JE DORS PAS ! Aurais-je mieux fait d'aller là-bas ... Grimbllllle, grimbllllle ... Je dors pas mais je RRRONFL' . Voui, ils me l'ont dit. Demain, j'offrirai deux boules Quies à Catherine ...

Si tu regardes les photos nocturnes, tâche d'en repérer une, très étrange, prise par Momo : La lune et les nuages semblent dessiner un gigantesque crâne, comme dans les histoires de corsaires ... ( Wim , le lendemain soir, portera un tee-shirt décoré d'une tête de mort blanche ! Aârrgh ! )

Il fait beau, au réveil Samedi matin mais, peu à peu, le ciel prend des allures de matelas grisouille. Pas chaud. On se croirait en automne.
" Allons Jo ! Tu n'vas tout d'même pas soupirer après la canicule ? "

Direction les volcans, pour remonter le Col de la Croix St Robert.
Chouette ! D'autant plus que les nuages s'écartent. Nous roulons avec Haroun, le lièvre Fast, Hervé ( H2 de son p'tit nom ), Momo, Doloop, Marc de Beaucaire. Nous nous arrêtons un bon moment pour regarder le château de Murol, construit sur un entablement volcanique.
La faim se faisant sentir, nous pique-niquons au bord du Lac Chambon, en compagnie d'un autre petit groupe. Certain dégustent un aligot froid dégoté à St Nectaire. Béton ? non : Ils se régalent .

Toute la meute avait rendez-vous au Lac. Qu'est-ce qu'ils f.... ? Où est donc passé le Dédé ? ( Nous le saurons plus tard. )
Une désagréable surprise attend Le Philo. La Pan, grande mangeuse de caoutchouc a un urgent besoin d'une paire de patins neufs. Rien qu'ça ! Marc nous ayant dit que nous laissions deux bandes noires sur la route, il n'y a pas à hésiter.

Bon sang, qu'il fait chaud à Clermont ! Mais nous y trouvons vite fait les pneus adéquats, chez Honda, et des mécanos sympas, pour monter iceux.
Même après cet épisode surtout désagréable pour le porte-monnaie, nous continuons à jardiner, passant par la très fleurie Volvic puis par Châtel-Guyon pour retourner chez Wim.

Ce soir, ZIZIQUE ! " T'es rock, coco ! " Ah ! non, j'irai pas m'coucher ! Suis un peu déçue que le groupe de " vieux " blueseux n'soit pas là mais y aura du rock, ça c'est sûr. Auparavant un barbecue nous réchauffe la trogne et les mimines.

C'est le moment : Ils s'accordent, trifouillent les boutons, règlent la sono,répètent encore ...

Et c'est parti pour un match en quatre rounds avec reprises ! Ils sont quatre, sur scène qui gueulent et gymnastiquent. La mayonnaise monte très vite, d'autant plus que notre public en remet. Faut voir ( et entendre ! ) Paco et surtout Xavier, lequel n'a pas assisté à un concert rock depuis un bon moment. Il connaît tout ou presque, chante, marque le tempo, tend le poing droit, bandé de frais, détache ses cheveux, comme le bassiste. Le groupe a ce soir un formidable batteur ( qui remplace impromptu le batteur habituel ). Les p'tits gars aiment vraiment la musique. NOUS Z'AUSSI !

C'est chouette car bien d'autres tarmos assistent au concert. Des gens de nationalités différentes, de tous âges. Les " mémés " reluquent le chanteur, jolie gueule, le jean troué aux genoux. Il me semble bien qu'elles ne sont pas les seules. Un mec béat, un peu plus tard, va lui masser le dos avec un plaisir évident. Moi, j'aime bien l'humour du bassiste.

Deep Purple ... Van Hallen ... Iron Maiden, un Trust, Métallica, etc ...
Je marque le tempo, secoue la tête au point que Dédé en est suffoqué ( et tout réjoui ) :
" Dame Jo, t'aimes le rock ! Moi qui croyais qu'tu penchais plutôt vers le classique ! "
J'suis pas un dinosaure, M'sieur Dédé ! Grâce à mes élèves - d'abord - à notre Loïc, ensuite, j'ai été mise au parfum. J'aime pour toujours le blues de John Mayall, le rock de Génésis, Pink Floyd ... Led Zeppelin.
J'ai plané avec Tangerine Dream et Klaus Schültz ...
Très ecclectique, Dame Jo ! Quant au hard rock, c'est le Druidon qui m'a ramoné les esgourdes; là où je n'entendais qu'éructations, peu à peu, j'ai appris à capter autre chose.
A propos, l'Ami(e), écoute donc Nightwish ( groupe finlandais contemporain, qui s'arrache ) Retour à la scène.
... Wim joue maintenant en duo de la basse avant d'entraîner, sur la grande table ronde ( solide ! ) au moins une dizaines de " gymnastes ". Nous continuons à chanter, brailler, beugler ... Ça fait du bien !
Les musicos ont les doigts brûlants.

Pause !

L'ineffable Dédé se taille un beau succès en surgissant soudain, une perruque noire, ébouriffée sur la tête. Et de se mettre à danser. Le lendemain, il déclarera, satisfait : " Dire que j'ai gueulé, hier soir, avec tout le monde, des trucs qu j'connais même pas ! "

J'ai adoré voir Dédé, toujours le lendemain, demander une pleine bouteille de Quézac, au pt'it-déj. " J'suis capable d'la boire tout entière ! "
Je le lui ai dit et lui répète : " Dédé, tu ne seras jamais vieux. "

Silhouette d'ado ( les bacchantes poivre et sel n'étant là que pour le déguisement ) joie communicative, toujours prêt à la blague, vrai, spontané, déconneur : c'est Dédé. Bien sûr qu'il peut être sérieux, je le sais - mais quel boute en train !
Il sait que j'aimerais voir là, près de l'homme, le petit garçon qu'il a été : un tout menu ( gagné, Dame Jo ! ) " une vraie teigne ... " ( C'est lui qui le dit. ) Je l'imagine d'une insatiable curiosité, comme l'Enfant d'Elephant, de Kipling, asticotant sa chère famille et le monde entier parce qu'il veut savoir ce que le crocodile mange pour son dîner ...
Chacun le cogne de ses dures dures pattes au lieu de lui répondre ...
et lui, qui n'en démord pas, finit par y aller voir de près.

Dimanche matin, H2 , sous ma fenêtre, me donne la sérénade " Coucouroucou, paloma ! Le beau temps chaud aidant, Paco plonge dans la piscine, réussit à y entraîner Pôpa, qui lui fourre la tête sous l'eau : Monsieur Pôpa, à défaut d'être " saisi par la débauche " , vient de l'être part la fraîcheur de l'eau.

Et l'on peut voir, au bord de l'onde, le yin et le yang harmonieusement réunis. Soit, au soleil, les adeptes de la bronzette, en peau plus ou moins claire, à l'ombre bullant dans des fauteuils, les déjà en tenue de cuir noir, dont un " corback aux baskets " ( Mézigue, pour te servir. )

Nous devons nous dire au revoir après le déjeuner, à Loubeyrat, où l'aimable Auberge des Tilleuls porte bien son nom, environnée qu'elle est d'un grand arbre en fleur, tout miel odorant, bruissant d'abeilles. Le Philo a garé la Pan quasiment dans le tilleul ( les branches souples traînent presque jusqu'au sol, sur le terre-plein ). En attendant que les retardataires nous rejoignent je m'offre une épatante séance de relaxation parfumée ...

Les gars tchachent moto ... Les bonnes gens des environs font un tour nonchalant au vide-grenier local ... J'entends tout, capte tout, suis là sans y être ... Le pied, quoi !

Que d'instants riches ! Merci Dédé !
J'y suis toujours. En écrivant, j'ai tout recrée. Sauf la chaleur des bises de Katia car ça, l'Ami(e), crois-moi, il faut les recevoir en direct sur ses joues pour se dire qu'elles sont l'été même.

Avec le sourire et les bises de
Dame Jo, l'enmusiquée d'la moto.

P.S. Aviss ! A ceux et celles qui rongeant leur frein dans l'attente d'une prochaine escapade, aiment lire des écrits de libres voyageurs, je recommande " Un beau matin d'été " de l'écrivain poète vagabond Laurie Lee, retraçant le voyage à pied d'un jeune Anglais fauché de 1934 à 1936, en Espagne. ( chez Phébus - collection Libretto )