Les balades de la Druidie

- Année 2001 - La Route du Tilleul

 

La route du Tilleul ... ou comment j'ai tanné Le Philo

Sache, l’ami(e), qu’il y a deux ans, le Philo, parti en balade en solitaire (eh oui ! cela lui arrive _ et heureusement _ Heureusement pour qui ? Là tu es libre de penser ce que tu veux. ) ...
Le Philo, donc, était revenu les yeux pleins d’étoiles ( _ aurait- il dégoté un champ de pavot ou un carré de " H " ? ) d’une balade parfumée... Il avait humé, tout au long des routes, les tilleuls en fleurs ... (Du moins, c’est ce qu’il disait.)

Le village de Montbrun Ces tilleuls qui bordent les petites départementales sinueuses, en Drôme provençale, ombragent tous les villages, de Séderon à Buis-les-Baronnies, en passant par Montbrun.

Imagines-les bien ronds et harmonieux. J’en rêvais. Je les ai vus, l’an dernier, en fin d’été, roussis de soleil _ en automne, feuilles brûlées ... J’attendais. La bonne saison _ celle des floraisons _ J’avais tanné l’Philo. Nous avions toujours tourné autour de Buis, sans que j’aie vu le village.

Hier, 1er juillet, par l’une de ces journées diaphanes et bleues, un peu venteuses, qui incitent à la rando, mon chevalier motard préféré m’a proposé ... La Route du Tilleul. ( Là, je t’entends rigoler, toi qui sais que Dame Jo boit une infusion de verveine, tandis que les copains sirotent sodas, bières et cafés. Tu me demandes perfidement s’il existe des crus dans le tilleul. Oui, mon ami(e), au risque de te contrarier. Et puis tiens, sais-tu que " le tilleul de déménageur " , en argot, c’est du vin blanc ? ET TOC ! )
Allez ! Assez moqué. Suis-moi. Tu peux même fermer les yeux pour mieux y voir, puisque tu ne conduis pas. Imagine le Vaporetto qui vrombit, abeille géante, et danse dans les courbes drômoises.

Un peu partout, en ce dimanche, c’est la fête au village. Les voilà, les tilleuls, méli-mélo de verts et d’ors. Sens leur incomparable odeur miellée, qui t’enivre. Relayée par les buissons-soleils des genêts. Les champs de lavandes encore jeunes et discrètes se sont tricoté des " p’tits pulls " à damiers d’un mauve tendre et d’un violet soutenu. Les sauges sclarées fleurissent, en camaïeu. Tu ne sais plus que regarder, où respirer Te voilà un peu saoul(e).

A Buis-les-Baronnies, tu es accueilli(e) par un sacré concert de cigales, au point que tu en as vite plein la cougourde. A demi-alangui(e), tu sirotes un citron pressé bien frais, tandis que " l’homme des cartes " t’indique comment vous allez boucler la boucle. Tu peux lui faire confiance : tu ne le regretteras pas !

Et c’est reparti ; tu constates que Face Nord du Mont Ventoux le Mont Ventoux flirte de très près, tout compte fait, avec la Montagne de Lure. (Tiens, j’aurais pas cru ça ...) Te voilà dans la vallée du Jabron puis dans les épingles forestières si fraîches, par cette canicule, des ubacs de Lure. Tu as le temps de repérer les gentianes jaunes fleuries, qui servent à préparer un vin réputé. 

Tu montes, montes encore au Pas de la Graille ( ... où tu bois un bon coup d’eau plus trèsLure et sa falda de velours vert fraîche , top case oblige). Tu respires, à plus de 1500 mètres. C’est fou ce que l’adret est beau en ce début d’été ! J’aime bien le mot espagnol qui désigne les pentes de la montagne _ " la falda " ( la jupe). Aujourd’hui, Lure a mis sa falda " de velours vert frais et doux, que tu as envie de caresser.

Tu descends calmement les lacets confortables d’une route de montagne, bordée de cèdres ; en bas, St Etienne-les-Orgues somnole en attendant le pastis.

Rentré(e) au bercail, tu te dis, une fois de plus, que cela a vraiment du bon, l’éphémère ...

Salut l’Ami(e) ! Avé le sourire de Dame Jo Et comme un parfum de fleurs de tilleul.

PS : pour Bob Pardonne à Dame Jo, ô copain allergique ! ( Tiens, un alexandrin ! On ne se refait pas.) .